
Alain Tanner
Alain Tanner est né le 6 décembre 1929 à Genève et meurt dans la même ville le 11 septembre 2022. Il étudie les sciences économiques à l’Université de Genève. Avec Claude Goretta, il fonde en 1951 le Ciné-club universitaire de Genève. À 23 ans, il s’engage pour un stage de deux ans dans la marine marchande. De 1955 à 1958, il séjourne à Londres où il se passionne pour le cinéma et trouve un emploi au British Film Institute de Londres. En 1957, il réalise son premier film, avec Claude Goretta « Nice Time ». Le film obtient le Prix du film expérimental au Festival de Nice 1957.
De retour d’Angleterre, il entre comme réalisateur à la Télévision suisse romande où il signe plusieurs courts métrages et des documentaires. En 1962, il fonde l’Association suisse des réalisateurs. En 1968, il fonde le Groupe 5 avec Michel Soutter, Claude Goretta, Jean-Louis Roy et Jean-Jacques Lagrange, instrument de concertation destiné à promouvoir le jeune Cinéma Suisse. Il se fait connaître dès la fin des années 1960 avec des films comme « Charles mort ou vif » (1969), lauréat du Léopard d’or au Festival international du film de Locarno, « La Salamandre », avec Bulle Ogier (1971), « Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 » (1976), « Les Années lumière » (1981), Grand prix au Festival de Cannes, et « Dans la ville blanche » (1983), César du meilleur film francophone. Pour Tanner, le cinéma issu du marketing contemporain est rangé dans la catégorie « anticonstitutionnel ». Chantre de l’antilibéralisme esthétique, Tanner propose un cinéma à contre-courant.
Tanner estime qu’il faut partager quelque chose avec le spectateur, le tenir à la bonne distance, ni trop près pour ne pas dormir, ni trop loin pour ne pas souffrir, lui offrir quelque chose à dépiauter. Ensuite habiter le lieu où l’on tourne, qu’on ne peut pas confondre avec son ennemi, le décor : « Il faut le sentir, le palper avec les sens, le laisser venir à vous, par les lumières du matin et du soir. » Pas de plans de coupe, pas de plans trop brefs. Bref, pour Tanner, c’est l’affaire de « ressentir » le monde, c’est-à-dire la politique, et citant Jean Vigo : « Avoir un point de vue documenté ».