Andrei Tarkovski est un réalisateur, scénariste et écrivain soviéto-franco-italien né le 4 avril 1932 à Zavrajié dans le raïon de Iouriévets en URSS et mort le 29 décembre 1986 à Neuilly-sur-Seine en France. Fils du poète Arseni Tarkovski et de Maria Vichniakova, correctrice, Tarkovski évolue dans un milieu qui le pousse à s’intéresser aux arts. Sa mère avait senti en lui un tempérament artistique. Son père quitte le foyer familial en 1935. L’existence d’Andreï Tarkovski se partage alors entre un appartement communautaire à Moscou et la maison de campagne de son grand-père, où son père a laissé de nombreux objets et poèmes qu’Andreï lit dans son adolescence. En 1943, il suit les cours au lycée de Moscou et étudie aussi la musique et la peinture. En 1947, il doit faire un séjour en sanatorium après avoir contracté la tuberculose. Il étudie ensuite l’arabe à l’institut des langues orientales de Moscou entre 1951 et 1954, et part en Sibérie étudier la géologie.
Il intègre le VGIK (Institut fédéral d’État du cinéma) à Moscou en 1956 où il suit les enseignements de Mikhaïl Romm
Considéré comme un des plus grands réalisateurs soviétiques, il a réalisé sept longs-métrages qui le placent parmi les maîtres du septième art. Son œuvre, exigeante et empreinte de mysticisme, convoque plusieurs thématiques, comme l’enfance, l’histoire russe, le quotidien, ou encore le rapport à la terre et aux éléments naturels.
Tarkovski présente « Andreï Roublev » au festival de Cannes en 1969. Il a mis quatre ans à réaliser ce film, dont le scénario a été écrit avec Andreï Kontchalovski et qui lui a été commandé par l’État. Les allusions politiques, les partis-pris du scénario et la non-conformité aux idéaux soviétiques déplaisent à la Goskino, à Leonid Brejnev et à la censure, ce qui entraîne un remaniement du montage et une certaine mise au ban du réalisateur dont les projets sont refusés jusqu’en 1972. Après la mort de Sergueï Eisenstein en 1948, le cinéma soviétique est orphelin. Le jeune Tarkovski apparaît un temps comme l’homme du renouveau de ce cinéma soviétique, surtout à l’époque de la déstalinisation, qui permettrait, dans l’esprit de certains intellectuels de cette époque, de revenir à l’effervescence cinématographique des années 1920, avant la glaciation stalinienne. Son court-métrage de fin d’études, « Le Rouleau compresseur et le Violon », reprend le genre ultra-classique du cinéma pour enfants. Puis il reprend le projet « L’Enfance d’Ivan », lancé par la Mosfilm, film de guerre tragique que la maison de production voudrait symbole d’une « nouvelle vague soviétique ». Malgré l’incompréhension que suscitent les scènes de rêve, le résultat est jugé satisfaisant par la censure. Il est donc présenté à Venise en 1962, caractérisé par Jean-Paul Sartre de nouvelle vague « surréaliste socialiste ».
Mais Tarkovski dépasse largement l’effort de « retour aux années 20 » ; il pousse plus loin et revient aux sources russes d’avant la Révolution de 1917. C’est justement cela qui gêne le plus la censure, d’ »Andreï Roublev » jusqu’au « Miroir », et qui le contraint à quitter l’URSS, bien plus que les allusions politiques.
L’œuvre de Tarkovski convoque souvent un arrière-plan philosophique, historique, voire théologique, d’où la réputation de « cinéma intellectuel ». Pourtant, les lettres de spectateurs montrent que les films de Tarkovski frappent avant tout par leur caractère concret, de nombreux objets quotidiens imprégnant l’image. On parle d’« hypersynesthésie » pour caractériser ces films, empreintes d’une pensée orthodoxe slave et de panthéisme, ses œuvres explorent le basculement de l’Homme vers la folie ou tentent de franchir la frontière ténue séparant l’imaginaire du rationnel, créant une imagerie hypnotique et visionnaire où s’entrelacent tout un réseau de symboles d’origine païenne ou chrétienne et une série de figures poétiques alliant le profane et le sacré. La spiritualité, la présence de la terre et son union prophétique avec les trois autres éléments de la vie (eau, feu et air), la solitude des êtres, leurs rêves, leurs fantasmes, leur imagination et leurs tourments existentiels sont des thèmes chers à Tarkovski.