Níkos Koúndouros

Níkos Koúndouros

Níkos Koúndouros naît à Ágios Nikólaos en Crète le 15 décembre 1926 et meurt le 22 février 2017 à Athènes. Il est considéré comme un cinéaste militant, d’un point de vue politique et social. Cette démarche l’amena à la création d’une esthétique nouvelle très personnelle. Il est considéré comme l’un des précurseurs de Theo Angelopoulos. Il remporta le prix de la mise en scène et le prix de la critique au festival de Berlin en 1963 pour son film « Les Petites Aphrodites ». Il est le fils de l’homme politique vénizéliste Iosiph Koúndouros qui fut député et ministre. Níkos Koúndouros est diplômé de l’École des Beaux-Arts d’Athènes où il étudia la peinture. Engagé politiquement à gauche, il est déporté de 1949 à 1952 sur Makronissos avec « les autres vaincus de la guerre civile ». Il considère que le camp d’internement fut pour lui la plus grande des écoles. C’est lors de ce séjour qu’il choisit le cinéma comme nouveau vecteur de son expression artistique. Sur l’île, il fait la connaissance de Thanássis Véngos auquel il offre ses premiers rôles. Koúndouros envisage alors son cinéma comme celui des années d’occupation qui avec des moyens rudimentaires réussissait à faire passer, en jouant avec la censure, un message antinazi. Cette fois-ci, il s’agit pour lui de faire passer un message politique et social, celui des idées de gauche interdites après la guerre civile. Ses deux principaux modèles sont le cinéma soviétique et le néoréalisme. Il réalise, sans réelles connaissances cinématographiques, son premier film en 1954, « Ville magique ». Le film est projeté à la Mostra de Venise, de façon non officielle, le pouvoir grec refusant d’être représenté par un cinéaste et un film engagés à gauche. À partir du thème habituel du mélodrame, la scénariste, l’écrivain Margarita Liberaki, développe le thème de l’éthique populaire opposée aux valeurs des puissances de l’argent : banque et pègre.
« L’Ogre d’Athènes » de 1956 est considéré comme un des grands films charnières du cinéma grec, pour sa façon révolutionnaire de présenter les classes populaires et les exclus. C’est aussi le film qui offre aux rebetiko et zeimbekiko leurs premières lettres de noblesse grâce à la musique de Mános Hadjidákis. La gauche détesta ce film qui ne présente pas une classe populaire « sainte et martyre », mais au contraire une population fascinée par l’argent facile et le « rêve américain ». Pour la droite, le film n’incarne pas les bonnes valeurs morales grecques, celles que tout Grec doit posséder pour obtenir alors des autorités son « certificat de bonne conduite » lui permettant de trouver un travail ou de réaliser la moindre démarche administrative. Dans Ville magique comme dans « l’Ogre d’Athènes », Koúndouros désire montrer que la société grecque s’enfonce dans une aliénation de plus en plus grande. Il prend ici le contre-pied du néoréalisme italien, à la de Sica plutôt optimiste. Avec « les Hors-la-loi » en 1958, Koúndouros quitte la veine néoréaliste et entre dans une esthétique personnelle, fondée sur son expérience artistique de peintre et de sculpteur, pour atteindre une sorte d’allégorie politique ancrée dans les mythes grecs originels utilisés comme archétypes. Il propose alors un cinéma d’avant-garde, avec des cadrages très picturaux par exemple, qui le fait se heurter aux exigences de ses producteurs qui aimeraient un cinéma plus commercial, en plus des tracas que lui causent la censure.
Les films suivants de Koúndouros vont encore plus loin dans la recherche esthétique. « Les Petites Aphrodites » dont l’érotisme participe à la revendication sociale du début des années 1960, s’inspire des mythes originels puisés dans la Grèce antique dans une atmosphère de paganisme primordial. La découverte de l’amour physique par de très jeunes adolescents est vue comme l’« hybris » originel entraînant une fin tragique. Le film, sans quasiment aucun dialogue, repose sur une esthétique très picturale. Son succès artistique et commercial permet à Koúndouros d’envisager sereinement la mise en scène de son film suivant : « Le Visage de la Méduse » dont le tournage commence en Crète en 1966. Mais, la dictature des colonels l’interrompt. Koúndouros part à l’étranger où il s’oppose activement à la dictature. Le tournage continue à Rome. Il n’est finalement achevé qu’en 1977 et projeté à Thessalonique lors d’un contre-festival parallèle à la compétition officielle. Le film fut mal compris : derrière une esthétique tout en symboles picturaux et à nouveau une célébration d’un érotisme primitif, Koúndouros insiste sur un message politique très allégorique.

LES PETITES APHRODITES

Níkos Koúndouros

1963

vostfr

88'

En Grèce antique, vers 2000 av. J.-C., des bergers descendus de la montagne rencontrent des femmes de pêcheurs dont les maris sont en mer. Un fils de berger Skymnos et une fille de pêcheur Chloé, douze ans, s’aiment sauvagement. Une relation sexuelle s’établit aussi entre Arta et Tsakalos. Le berger muet Lyka les espionne tous. Il finit par enlever la jeune Chloé. Skymnos, trahi, se noie.

L’OGRE D’ATHÈNES

Níkos Koúndouros

1956

vostfr

103'

Thomas, petit employé de banque insignifiant, passe seul les fêtes de fin d’année. Il est le sosie d’un criminel endurci, « l’ogre d’Athènes ». Il est poursuivi par la police et protégé par la pègre…

Vortex

1967

vostfr

90'

Sur une île grecque, trois hommes et une femme attendent un ami. Il n’arrive pas et le pire est craint : il aurait pu être assassiné. Le groupe se déchire, entre appétit sexuel et soupçon.

Bordello

1984

vostfr

130'

Durant la révolte crétoise de 1897-1898, une flotte européenne (France, Royaume-Uni, Russie, Allemagne, Italie et Autriche-Hongrie) intervient et occupe les ports de l’île. À La Canée, Rosa Bonaparte, venue de Marseille avec douze prostituées, installe un bordel dans une aile désaffectée de la mairie. Le lieu devient rapidement le centre de tous les trafics et de toutes les manigances politiques. Tous les personnages, clients et prostituées, sont caricaturaux car ils incarnent des archétypes. S’ils sont inventés, le reste : flottes occidentales, bordel, etc. est historiquement vrai. Rosa Bonaparte est un hommage à Mme Hortense, la prostituée « retraitée » d’Alexis Zorba et donc de Zorba le Grec.