Roberto Rossellini, né le 8 mai 1906 à Rome et mort dans la même ville le 3 juin 1977, est un réalisateur italien de cinéma et de télévision. Issu d’une famille bourgeoise habitant Rome, Roberto Gastone Zeffiro Rossellini a vécu dans la demeure paternelle dans une atmosphère artistique, musicale et culturelle. Le père de Roberto, Angiolo Giuseppe Rossellini, dit Peppino Rossellini, était un entrepreneur en bâtiment bien connu de la capitale, bénéficiant de la fortune et de l’appui d’un oncle entrepreneur, Roberto Zeffiro Rossellini. La mère de Roberto est la femme au foyer Elettra Bellan, originaire de Porto Viro dans la province de Rovigo et d’origine partiellement française, issue d’immigrants arrivés en Italie pendant les guerres napoléoniennes. Fils aîné, il passe son adolescence avec son frère Renzo et ses sœurs Marcella et Micaela dans des cercles libéraux et cultivés. Il habitait sur la Via Ludovisi, où Benito Mussolini avait son premier hôtel romain en 1922, lorsque le fascisme a pris le pouvoir en Italie. Il fréquente le lycée Tasso puis Nazareno.
Le père de Rossellini construit la première salle de cinéma de Rome, le Barberini (en pratique, une salle où l’on pouvait projeter des films), autorisant Roberto à assister librement à de nombreuses séances ; Rossellini commence donc à fréquenter le cinéma dès son plus jeune âge. Au décès de son père, il se met à travailler comme monteur et, pendant un certain temps, il exerce accessoirement tous les métiers liés à la création d’un film, gagnant de la compétence dans chaque domaine.
En 1936, il épouse Marcella De Marchis, décoratrice et costumière, avec laquelle il collaborera longtemps, même après la rupture du mariage. De cette union naît Romano (mort d’une appendicite en 1946 alors qu’il n’a que 9 ans, son père lui a dédié Allemagne année zéro) puis en 1941 son fils Renzo, né en 1941 qui devint assistant réalisateur, puis réalisateur et travailla souvent avec son père. Les premières réalisations de Rossellini furent des courts-métrages : en 1936, « Daphne », puis, en 1938, « Prélude à l’Après-midi d’un faune », qui fut interdit par la censure pour impudicité, et en 1939, « Fantaisie sous-marine ». En 1938, il assiste Goffredo Alessandrini pour le scénario de Luciano Serra, pilote qui obtint la Coupe Mussolini pour le meilleur film italien à la Mostra de Venise et fut l’un des films italiens les plus populaires de la première moitié du 20e siècle. Puis, en 1940, il est appelé à assister Francesco De Robertis pour la réalisation de SOS 103. Son amitié étroite avec Vittorio Mussolini, fils du Duce et responsable du cinéma en Italie, a été interprétée comme une possible raison pour laquelle il a été préféré à d’autres apprentis. Il convient de mentionner « Fantaisie sous-marine », le court métrage expérimental tourné en 1939 pour Genepesca en utilisant uniquement deux aquariums dans sa maison de Ladispoli.
Il est l’un des réalisateurs les plus importants de l’histoire du cinéma italien, qu’il a contribué à faire connaître au monde entier avec des films tels que « Rome, ville ouverte » (1945), « Païsa » (1946) et « Allemagne année zéro » (1948), faisant de lui l’un des pères du néoréalisme. Très vite remarqué par l’équipe de critiques des Cahiers du cinéma, il a également une influence déterminante sur la Nouvelle Vague française, et il co-scénarise notamment « Les Carabiniers » (1963) de Jean-Luc Godard. Mais il se fait surtout connaître du grand public par ses films mettant en vedette son épouse Ingrid Bergman tels que « Stromboli » (1950), « Europe 51 » (1952), « Voyage en Italie » (1954), « La Peur » (1954) et « Jeanne au bûcher » (1954). Durant les années 1960 et 1970, il se distingue par ses nombreux documentaires à la télévision, notamment en réalisant la reconstitution historique La Prise de pouvoir par Louis « XIV » (1966) pour l’ORTF ou la série « Les Philosophes et ses portraits de Socrate » (1971), « Pascal » (1972), « Augustin » (1972) et « Descartes » (1974). Son dernier téléfilm après son épopée biblique « Le Messie » (1976) s’intitule Le Centre Georges Pompidou, un documentaire sur la fondation du célèbre musée parisien en 1977.
Au cours de sa carrière, il a remporté certains des prix cinématographiques les plus importants, notamment la Palme d’or au Festival de Cannes, le Lion d’or à la Mostra de Venise et cinq Rubans d’argent ; il a également été nommé aux Oscars. Des réalisateurs comme François Truffaut ou Martin Scorsese ont affirmé à plusieurs reprises avoir été influencés par le cinéma de Rossellini et le considérer comme un maestro. Otto Preminger s’est laissé dire que « l’histoire du cinéma se divise en deux époques : l’une avant et l’autre après « Rome, ville ouverte » » et Jacques Rivette déclare quant à lui qu’ « avec la sortie de « Voyage en Italie », tous les films ont subitement vieilli de dix ans…»