
Akira Kurosawa
Akira Kurosawa est un réalisateur, producteur, scénariste et monteur japonais, né le 23 mars 1910 à Tokyo et mort le 6 septembre 1998 dans la même ville. Avec Yasujirō Ozu et Kenji Mizoguchi, il est considéré comme l’un des cinéastes japonais les plus célèbres et influents de l’histoire, en cinquante-sept ans de carrière cinématographique. Son père Isamu, descendant d’une famille de samouraïs de la préfecture d’Akita, est directeur de l’école secondaire de l’Institut d’Éducation Physique de l’Armée, tandis que sa mère vient d’une famille de marchands d’Osaka. Il est le benjamin d’une lignée de sept enfants. Deux d’entre eux sont déjà grands à sa naissance, et une de ses sœurs décède peu de temps après. Kurosawa ne grandit alors qu’avec trois de ses frères et sœurs.
En plus de promouvoir l’exercice physique, son père, Isamu Kurosawa, considère la culture occidentale — et plus particulièrement le cinéma et le théâtre — comme un point essentiel de l’éducation : le jeune Akira découvre le cinéma à l’âge de six ans. Sous l’influence d’un de ses professeurs d’école élémentaire, M. Tachikawa, il se passionne également pour la peinture et le dessin. À cette époque, il étudie également la calligraphie et le kendo. L’enfance d’Akira Kurosawa est également très influencée par son frère Heigo, de quatre ans son aîné. Kurosawa rapporte qu’à la suite du séisme du Kantō de 1923, Heigo l’emmène dans les quartiers les plus détruits de la capitale et que lorsqu’il tente de détourner les yeux des cadavres jonchant les rues, son frère l’en empêche pour l’obliger à affronter ses peurs. Pour certains critiques, cet événement a fortement influencé la sensibilité de Kurosawa. Grâce à Heigo, Akira découvre non seulement le cinéma, mais également le théâtre et le cirque. Dans le même temps, il expose ses toiles et travaux dans le cadre des expositions de la Ligue des Artistes Prolétariens. Mais il n’arrive pas à vivre de sa peinture et finit par s’en lasser. Il se détourne aussi de la politique alors que la répression policière s’est accentuée. Avec l’arrivée du cinéma parlant au début des années 1930, Heigo connaît des problèmes d’argent et Akira retourne chez ses parents. En juin 1933, Heigo se suicide avec sa compagne. Kurosawa décrit cette mort comme un sentiment durable de perte, et l’évoque dans le chapitre intitulé « Une histoire dont je ne veux pas parler » de son autobiographie. Seulement quatre mois après la mort de Heigo, son frère aîné meurt également.
En 1935, le nouveau studio de cinéma Photo Chemical Laboratories — abrégé P.C.L., et qui deviendra par la suite le studio Tōhō — recherche des assistants réalisateurs. Bien qu’il n’ait jamais envisagé de travailler dans le cinéma et qu’il ait déjà un travail d’illustrateur de livres, Kurosawa répond à l’annonce du studio, qui demande aux candidats de rédiger un essai sur les défauts fondamentaux des films japonais et les moyens d’y remédier. Kurosawa explique dans son papier que si ces défauts sont fondamentaux, alors il n’y a aucun moyen de les corriger. Cette lettre au ton moqueur lui permet de passer les examens suivants. Le réalisateur Kajirō Yamamoto, qui fait partie des recruteurs, insiste pour que Kurosawa soit recruté. En février 1936, à l’âge de 25 ans, Kurosawa entre chez P.C.L.
Kurosawa débute en 1936 en tant qu’assistant réalisateur et scénariste. En 1943, au cours de la Seconde Guerre mondiale, il réalise son premier film, « La Légende du grand judo ».
En 1990, il reçoit l’Oscar d’honneur « pour ses accomplissements qui ont inspiré, ravi, enrichi et diverti le public mondial et influencé les cinéastes du monde entier ». En 1999, il est nommé à titre posthume « Asiatique du siècle » dans la catégorie « Arts, Littérature, et Culture » par le magazine AsianWeek et CNN, présenté comme « l’une des cinq personnes ayant le plus contribué à l’épanouissement de l’Asie durant les 100 dernières années ».
Une grande majorité des observateurs qualifient le style de Kurosawa d’audacieux et de dynamique, et le comparent au style narratif hollywoodien traditionnel qui met l’accent sur la pensée linéaire, chronologique, causale et historique. Mais il est aussi écrit que, depuis son tout premier film, Kurosawa dégage un style très distinct du style classique et sans faille d’Hollywood : Kurosawa n’hésite pas à perturber la scène représentée à l’écran par l’utilisation de nombreuses prises de vues différentes, et s’oppose ainsi au traditionnel raccord 180° développé par Hollywood. Kurosawa, par l’utilisation de mouvements fluides de caméra plutôt que d’un montage conventionnel, tend également à intégrer une dimension spatiale dans la narration temporelle.