Dario Argento est né à Rome le 7 septembre 1940, fils du critique et producteur de cinéma sicilien Salvatore Argento et de la photographe de mode brésilienne d’origine italienne Elda Luxardo. Sa mère dirigeait le studio photographique Luxardo, fondé par Alfredo et Margherita, les grands-parents maternels de Dario originaires de Santa Margherita Ligure, dans la province de Gênes. Après avoir assisté à l’apparition du Fantôme du père d’Hamlet dans un théâtre, Argento a développé une fascination pour l’horreur et le suspense. Il a développé un goût pour la lecture. Après avoir travaillé dans une imprimerie pendant quelques mois, il quitte la maison et le lycée à l’âge de seize ans pour s’installer à Paris. Pendant cette période, il fréquente assidûment la Cinémathèque française où il découvre des films invisibles en Italie, et il vit d’expédients. Il revient bientôt à Rome où, grâce à la recommandation de son père, il commence à travailler à dix-sept ans pour le journal L’Araldo dello Spettacolo, un média spécialisé dans le cinéma, la musique et le théâtre. Il y rédige des critiques de films. À peu près à la même époque, il devient rédacteur dans le quotidien régional Paese Sera, pour lequel il produit un bulletin hebdomadaire sur les statistiques de fréquentation et d’autres aspects de l’industrie cinématographique en Italie. Au fil du temps, il commence à acquérir un certain statut au sein du journal, et a même l’occasion d’interviewer des personnalités. Dans le but de commencer une carrière de cinéaste, il passe un examen d’entrée au Centro sperimentale di cinematografia de Rome, mais sa candidature est rejetée. Argento reconnaît dans sa biographie que ce rejet a été un mal pour un bien, car ses films « auraient été trop fidèles à un certain formalisme » s’il avait été accepté dans cette institution. Après avoir participé à l’écriture des scénarios d’ « Une corde, un Colt… » de Robert Hossein et de « Disons, un soir à dîner » de Giuseppe Patroni Griffi, il commence à écrire l’histoire de son premier film, « L’Oiseau au plumage de cristal », d’après un cauchemar qu’il a fait pendant ses vacances en Tunisie ainsi qu’un roman de Fredric Brown, « La Belle et la Bête » (« The Screaming Mimi »). Après avoir présenté sans succès le scénario aux dirigeants d’Euro International Film, Argento a demandé l’aide de son père, qui a décidé de créer la société de production anonyme SEDA Spettacoli (pour Salvatore E Dario Argento) pour couvrir une partie des frais de tournage. La société de production Titanus, appartenant à Goffredo Lombardo, a fourni le reste du budget.
Malgré quelques contretemps pendant le tournage — comme la méfiance de Lombardo envers l’inexpérience d’Argento et les frictions constantes du réalisateur avec Musante — le film sort en février 1970 et reçoit un accueil glacial à Milan et à Turin. Toutefois, grâce au bouche-à-oreille, il a obtenu un plus grand impact dans d’autres villes comme Naples et Florence. Au total, le film enregistre 4,2 millions d’entrées et rapporte 1,4 milliard de lires, ce qui en fait le 17e film au palmarès de la saison 1969-1970.
Ce film marquera l’histoire du cinéma italien. Inspiré par les films précurseurs de Mario Bava, Dario Argento lance un genre à lui tout seul tout en en définissant le mètre étalon. Esthétique, personnage ou construction scénaristique, tout est inventé dans ce film en atteignant déjà un niveau de qualité presque inégalable.
Outre l’épouvante et le suspense, il se passionnait pour le cinéma américain des années 1940 et 1950 et pour le cinéma expressionniste allemand, qu’il a mentionné comme une influence majeure sur sa carrière lors du festival du film de Sitges 2012, et surtout Fritz Lang. Lors du même festival, Argento a également fait allusion aux cinéastes Ingmar Bergman et Alfred Hitchcock comme des sources d’inspiration évidentes dans son travail.
Ses gialli suivent le schéma traditionnel du genre : un tueur psychopathe qui traque ses victimes, le plus souvent des femmes, et les tue, généralement avec des armes blanches. Ce personnage porte des gants noirs pour commettre ses crimes, un détail qui est devenu un leitmotiv dans ses films. Pour développer les motivations de ses méchants, Argento a étudié les textes du neurologue Sigmund Freud afin de « retrouver les stimuli enfouis dans l’inconscient et les traumatismes dormants soudainement mis en lumière ». Un des objectifs d’Argento est de retranscrire au cinéma les cauchemars des spectateurs, ce qui donne une dimension universelle au genre.
Les gros plans sont un autre leitmotiv dans son travail, en particulier ceux centrés sur les yeux. D’autres éléments soulignés par le cinéaste comme habituels et importants dans ses films sont l’analepse ou flashback ainsi que la multiplication de fausses pistes, ainsi qu’une bande son qui contribue à générer de la tension, un élément qu’il considère comme un « caractère important » de ses films. En ce qui concerne les lieux de tournage, il a toujours préféré les sites riches en architecture classique comme les villes de Rome et de Turin.