
Yakov Protazanov
Yakov Protazanov est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur de cinéma russe né le 4 février 1881 à Moscou, mort le 9 août 1945 à Moscou. Protazanov termine en 1900 une école secondaire de commerce et travaille comme vendeur, puis comptable dans le magasin moscovite Schrader et compagnie, puis entre 1904 et 1906, il se rend avec ses économies en France, afin de poursuivre sa formation personnelle. À son retour, il devient traducteur dans la société de distribution et de production de films Gloria à Moscou. À partir de 1910, il est engagé par Paul Timan qui monte alors une nouvelle compagnie et il tourne plusieurs films muets avec Vladimir Gardine. Son premier film pour Timan, en 1911, « la Complainte d’un bagnard », d’après une romance populaire, est un succès. De la quarantaine de films qu’il tourne durant cette période, ressortent « Amphise », « le Départ du grand sage », en 1912, ou encore « Un drame au téléphone » en 1914. « Le Départ du grand sage » est un film sur la mort de l’écrivain Tolstoï, alternant scènes jouées et images documentaires, points de vue objectifs et subjectifs (rêves et visions). Le film, peu soucieux de la vérité historique, et bien que remarquable, n’a pas été approuvé par la famille de l’écrivain. « Un drame au téléphone », sur le même scénario que « la Villa solitaire » (1909) de Griffith, utilise notamment la technique de l’écran multiple.
Il a déjà une solide réputation, lorsqu’en 1914, alors que la compagnie de Tilman se délite à cause de la guerre, il est engagé par Josef Ermolieff, à la même époque que l’acteur Ivan Mosjoukine. Il y tourne avec cet acteur ses chefs-d’œuvre antérévolutionnaires comme « La Dame de pique » ou « Le Père Serge ». Stavroguine, en 1915, avec Mosjoukine déjà, est adapté de la pièce jouée par le Théâtre d’art de Moscou, elle-même inspirée des « Possédés » de Dostoïevski. Il donne aussi durant cette période dans le film « alimentaire », avec des drames policiers ou des mélodrames. La révolution de février 1917 est l’occasion pour Protazanov de tourner quelques films à thématique révolutionnaire, comme « Assez de sang » ou « Andrei Kojoukhov ». Ce dernier est projeté après octobre sans discontinuer jusqu’au tournage des premières grandes épopées révolutionnaires, telles que « La Mère » ou « le Cuirassé Potemkine ». Il filme la même année « Satan triomphant » et surtout « le Père Serge », l’un des chefs-d’œuvre du cinéma muet. Il tourne en Crimée, où la Compagnie a fui les troubles de la Révolution d’Octobre, mais lorsque l’industrie cinématographique est nationalisée à Yalta, tout le monde émigre en France.
Il travaille en France, où il réalise cinq films, pour Pathé et Gaumont, puis en Allemagne. Cette période est féconde.
Il décide cependant de rentrer en 1923 en Russie, qui allait devenir l’URSS. Il tourne alors des films d’aventure ou des comédies, comme « Aelita », « Le Procès des trois millions », « L’Aigle blanc »… Protazanov a découvert de nombreux acteurs, notamment Ivan Mosjoukine, Igor Ilinski, Mikhaïl Jarov. Il reçoit une médaille d’or à Paris en 1937 pour son film « la Fille sans dot » et cesse de tourner en 1943.