
Carlos Saura
Carlos Saura naît le 4 janvier 1932 à Huesca et meurt le 10 février 2023 dans la même ville. C’est un réalisateur et scénariste de cinéma espagnol. Il est l’un des cinéastes espagnols les plus influents et reconnus sur le plan international. Originaire d’une famille d’artistes (sa mère est pianiste de concert, son frère Antonio Saura, peintre expressionniste abstrait reconnu), Carlos Saura développe pendant son enfance son sens artistique appliqué à la photographie. Parce que son père, un avocat originaire de Murcie, travaille comme fonctionnaire pour le ministère de l’Intérieur, la famille Saura s’installe à Barcelone, Valence, puis, en 1953, à Madrid. L’enfance de Saura est marquée par la guerre civile espagnole, dont il se souviendra pour l’évoquer dans certains de ses films en employant souvent le poids de vue de l’enfance – reproduisant les jeux auxquels il jouait et les chansons qu’il chantait associés aux souvenirs plus sombres des bombardements, des exactions, de la faim, du sang et de la mort. Les quatre frères et sœurs de la fratrie Saura reçoivent une éducation libérale très ouverte sur la culture et le monde. Un prêtre – un parent que ses parents ont protégé des extrémistes anticléricaux – apprend à lire au jeune Carlos. À la fin de la guerre, Saura est séparé de ses parents et renvoyé à Huesca pour vivre avec sa grand-mère maternelle et ses tantes. Il décrit ces proches comme des gens « de droite et très religieux » qui imposaient à l’enfant l’antithèse même de l’éducation libérale qu’il avait reçue en zone républicaine. Cette intolérance d’un milieu conservateur sur un jeune garçon sensible est évoquée avec force dans son film « La prima Angelica » qui fit scandale à sa sortie en Espagne en 1974.
À Madrid, en 1957, Saura obtient le diplôme de réalisateur de l’Institut de recherches et d’études cinématographiques, dont il devient professeur jusqu’en 1963. En 1957-1958 a lieu le tournage de son premier film documentaire, « Cuenca ». En 1960, dans son premier long-métrage de fiction, « Los Golfos » (« Les Voyous »), il décrit le problème de la délinquance des jeunes dans les quartiers démunis de Madrid. En 1963, avec le film « Llanto por un bandido » (« Les Bandits »), il réalise une reconstitution historique de l’Espagne après la défaite napoléonienne. En 1966, son style, à la fois lyrique et documentaire, centré sur les problèmes des plus démunis, obtient la reconnaissance de la communauté internationale au Festival de Berlin, où il reçoit l’Ours d’argent pour son film « La Caza » (« La Chasse »).