
Vilgot Sjöman
Vilgot Sjöman est né le 2 décembre 1924 à Stockholm et meurt le 9 avril 2006 dans la même ville. Il est réalisateur, scénariste, acteur et producteur. Fils d’un ouvrier du bâtiment, Sjöman grandit sur l’île de Södermalm, en plein cœur historique de Stockholm. Il fait ses études à l’université de Stockholm et obtient son diplôme en 1945. Après avoir signé quelques scénarios, il reçoit, en 1955, une bourse pour étudier le cinéma à l’université de Californie à Los Angeles.
À son retour de Californie, il amorce sa carrière de réalisateur avec un premier long métrage La « Maîtresse », sorti en 1962, qui vaut à Bibi Andersson l’Ours d’argent de la meilleure actrice à la Berlinale 1963. En 1964, il tourne une adaptation cinématographique du roman 491 de Lars Görling. Le film, qui adopte la forme d’un reportage sur six jeunes soumis à une expérience de vie commune, provoque un scandale en raison de la liberté des mœurs qui y est exposée. La censure exige finalement la coupure de certaines scènes. Deux ans plus tard, en 1966, il réalise « Ma sœur, mon amour » (Syskonbädd 1782), qui raconte la relation incestueuse entre une sœur et son frère, joués respectivement par Bibi Andersson et Per Oscarsson. Le film reçoit un excellent accueil critique international.
C’est toutefois en 1967 et 1968, avec Je suis curieuse – Édition jaune et Je suis curieuse – Édition bleue que Sjöman atteint une véritable notoriété. Les deux films, qui apparaissent comme deux versions d’un même récit, proposent un examen fouillé de la société suédoise contemporaine d’un point de vue critique et politique de gauche. Ce sont toutefois les scènes, jugés scandaleuses par d’aucuns, des ébats sexuels entre Lena Nyman et Börje Ahlstedt, qui suscitent la controverse et, par ricochet, le gros succès international du film. Aux États-Unis, le distributeur américain a lancé le film en salles dans le but avoué de lutter contre la censure dans le cinéma américain. Et les milieux intellectuels n’ont pas été en reste ; ainsi, l’écrivain Norman Mailer a déclaré à la sortie du film qu’il s’agissait « d’un des films les plus importants que j’ai vus de toute ma vie ».
Sjöman a travaillé avec plusieurs des grands acteurs du cinéma suédois. À la fin de sa vie, il mène une lutte acharnée contre les pauses publicitaires pendant la diffusion des films à la télévision suédoise, ce qui lui vaut le prix Ingmar-Bergman en 2003.