
Sion Sono
Sion Sono est un écrivain, poète, réalisateur et scénariste japonais, né le 18 décembre 1961 à Toyokawa, dans la préfecture d’Aichi. Il a grandi dans la baie de Mikawa. Son enfance est marquée par des parents particulièrement sévères et « peu enclins au bonheur ». Il publie ses premiers poèmes à l’âge de 17 ans2, puis entre à l’université Hōsei, à Tokyo. C’est là qu’il commence à réaliser des films, des courts-métrages en premier lieu. En 1987, « Otoko no Hanamichi », film qu’il a co-écrit, réalisé et dans lequel il a joué, obtient le 4e grand prix du festival du film Pia. Ce prix, assorti d’une bourse, lui permet de tourner son premier long-métrage, « Bicycle Sighs », sorti en 1990.
Parallèlement à sa carrière de réalisateur, Sion Sono poursuit son engagement dans le mouvement Tokyo GAGAGA, dont il est le leader, et qui organise des happenings dans les rues de Tokyo. Pendant plusieurs jours, les membres du groupe défilent dans la rue en hurlant de la poésie pour exprimer le mal-être de la société tokyoïte dans les années 1990. C’est d’ailleurs avec cette bande de jeunes qu’il va tourner « Bad Film » en 1995, projet abandonné un temps pour raisons financières et qu’il ne pourra finir de monter qu’en 2013.
Il ne se démarquera pas de ses premiers élans poétiques et anticonformistes, qui font de lui un cinéaste singulier, n’hésitant pas à insérer des poèmes dans ses films ou à les faire durer quatre heures. L’œuvre de Sono est généralement sombre. Elle peut aussi être qualifiée de gore, ce qui l’a d’ailleurs fait remarquer dans de nombreux festivals. Ainsi, en 2001, Il crée l’événement avec « Suicide Club », dont la première scène montre le suicide joyeux d’une cinquantaine de lycéennes dans une gare. On retrouve aussi des thèmes récurrents dans ses films, comme celui de l’échec du bonheur familial. Sono traite dans ses films du rôle de la femme dans la société japonaise, remise au rang d’objet, ne pouvant exprimer ses désirs naturels, au risque de passer pour la « mauvaise femme ». L’éclatement de la société et de ses institutions (la famille, donc, mais aussi la religion dans « Love Exposure ») est un thème récurrent dans les films du réalisateur. D’une manière générale, on peut dire que l’artiste est très inspiré par les divers malaises de la société japonaise.
Il n’hésite pas à aborder la sexualité et les perversions, pour tenter de démêler les vraies perversions de celles de la société.
Son auteur préféré, Edogawa Ranpo, un des grands noms du roman policier d’investigation populaire, est le fondateur de l’ero guro nansensu, un mouvement artistique combinant l’érotisme à des éléments macabres et grotesques. Les œuvres de Sion Sono s’inscrivent pleinement dans ce mouvement.