
Shûji Terayama
Shûji Terayama est né le 10 décembre 1935 à Hirosaki et meurt le 4 mai 1983 à Tokyo. c’est un poète, écrivain, dramaturge, chroniqueur sportif (spécialisé dans la boxe et le turf), photographe, scénariste et réalisateur japonais. Durant sa courte vie, il a publié plus de deux cents livres et réalisé environ vingt films .
Ses œuvres, souvent expérimentales et crues, témoignent d’un engagement artistique aux influences multiples. En Europe et aux États-Unis il est essentiellement connu pour son cinéma, tandis qu’au Japon il est plutôt considéré comme un poète et un dramaturge. Sa naissance est un premier défi à l’administration japonaise : lui qui dira vouloir tout oublier et renaître à chaque nouveau film qu’il réalise, sera inscrit à l’état civil avec un an de retard, le 10 décembre 1936.
Le père de Shūji Terayama, officier de police, est bientôt appelé à combattre dans l’armée impériale. Il survit à la guerre, mais meurt de dysenterie en Indonésie un mois après la reddition, en septembre 1945. C’est le début d’une période dramatique pour le jeune Shūji, alors âgé de 10 ans : sa mère l’abandonne pour travailler dans une base militaire américaine. Il erre, seul, dans sa ville natale en ruine. Mais un parent éloigné (le frère de son grand-père) le recueille et l’emmène vivre avec lui à Misawa, une ville voisine d’Hirosaki. Son tuteur est propriétaire d’un cinéma et Shūji, qui se découvre alors une passion pour le septième art, dévore les films occidentaux (il dira qu’il pouvait regarder jusqu’à 6 films par jour et dormait souvent dans le cinéma), qui commencent, sous l’occupation américaine, à déferler au Japon.
Au lycée, il fonde plusieurs revues littéraires dans lesquelles il publie ses premiers poèmes, des haïku (poèmes de 17 syllabes) et des tanka (poèmes de 31 syllabes). Son talent littéraire lui vaut une reconnaissance précoce : il remporte en 1954 le prix Poésie nouvelle du magazine Tanka Kenkyu (son travail sur les tanka a si bien marqué la littérature japonaise qu’un prix Terayama Shūji pour les tanka – Terayama Shūji Tanka Sho – récompense les meilleurs auteurs depuis 1996). Cette même année 1954, il est admis à la prestigieuse université Waseda et apprend la boxe. Mais sa scolarité tourne court, une virulente néphrite le condamne à l’hôpital pour trois longues années. La maladie ne l’empêche pas d’écrire ni de lire. Il découvre la littérature européenne, en particulier celle d’Antonin Artaud et Les Chants de Maldoror de Lautréamont, dont le lyrisme sulfureux le bouleverse durablement. En 1966, Shūji Terayama forme une compagnie de théâtre, qu’il appelle Tenjō Sajiki.