
Paul Verhoeven
Paul Verhoeven est un réalisateur et scénariste néerlandais, né le 18 juillet 1938 à Amsterdam. Sa carrière se divise en trois grandes périodes : il obtient d’abord ses premiers succès aux Pays-Bas, puis accepte l’invitation de Hollywood et s’installe aux États-Unis, avant de rentrer en Europe, sur le tard, pour y retrouver la liberté de tourner des films plus personnels. Formé pour l’essentiel durant son service militaire au département audiovisuel de la Marine néerlandaise, pour laquelle il tourne des documentaires promotionnels dès 1964, il réalise ses premiers films aux Pays-Bas. Il obtient rapidement des succès importants avec, notamment, « Turkish Délices » (1973), record d’entrées dans son pays encore aujourd’hui. Mais après le très rude « Spetters » (1980), la censure, de plus en plus forte, le conduit à partir aux États-Unis. Il y découvre un tout autre monde et obtient ses plus grands succès internationaux. Progressivement, le côté dérangeant et provocateur de sa production lui met cependant les studios à dos, tandis que le manque croissant de liberté le décide à rentrer en Europe pour tourner « Black Book » (2006). Regagnant en reconnaissance, il présente en 2016 le film francophone « Elle », qui reçoit de nombreuses récompenses, parmi lesquelles une sélection en compétition officielle à Cannes, ainsi que deux César, dont celui du meilleur film.
Toute la filmographie de Verhoeven est traversée par les thèmes du sexe, de la violence et de la religion, qu’il considère comme « les trois principaux éléments sur terre ». En tant que réalisateur, il se pose en observateur froid et lucide, quitte à choquer pour mieux montrer la stricte réalité.
Le cinéma de Paul Verhoeven se démarque d’abord par sa grande précision, et par son souci permanent de vérité. C’est probablement le reflet de ses prédispositions pour la science, qui l’ont conduit à son diplôme en physique et mathématiques, mais aussi des documentaires tournés durant son service pour l’armée. Mais c’est avant tout selon lui la conséquence de son expérience pentecôtiste, le réalisme lui servant d’« antidote » à la forme de délire qu’il avait fini par ressentir là-bas. Verhoeven mise donc sur un pragmatisme explicite, qui doit être pour lui comme une « ancre à la réalité ».
Mais cette justesse n’est pas tant celle des faits proprement dits que du ressenti qu’ils inspirent.
Paul Verhoeven est ce que le philosophe Gilles Deleuze appelle un naturaliste : il rapporte l’humanité aux puissances qui la gouvernent. La mort, le corps et ses pulsions sont partout dans son œuvre. Mais il admet volontiers employer l’exagération, pour dénoncer ce qui le choque dans la société contemporaine.